Un documentaire sur les raisons pour lesquelles la jeunesse de Novokuznetsk est aux prises avec une épidémie d’héroïne, soit un reportage aux antipodes des discours de Poutine sur la régénérescence de la jeunesse russe – des surhommes et des surfemmes vivant dans un monde étincelant d’argent, de succès et de liberté. Dans les faits, la Russie consomme 21 % de l’héroïne mondiale.
La dope à Novokuznetsk est de couleur crème, une des plus pures qu’on puisse se procurer. Elle vient d’Afghanistan – la rumeur locale veut que ce soient les talibans qui se chargent d’escorter la poudre jusqu’à la frontière du Kazakhstan, une revanche prise sur l’invasion russe de 1979. Une chose est sûre, c’est que la Russie s’est infligé toute seule son nouveau problème, le krokodil.
Pendant qu’on planifiait notre voyage, des bruits couraient sur cette nouvelle drogue – une version artisanale de l’héroïne, mélange d’essence et de codéine. Le krokodil tire son nom d’une de ses propriétés, à savoir rendre squameuse la peau des camés tout en les rongeant de l’intérieur, en leur faisant pourrir le cerveau et les membres avant de les tuer, invariablement.
Quand on est arrivés sur place, ces bruits se sont faits plus insistants et se sont mis à ressembler à des hurlements stridents, comme quand tu te dresses droit comme un i dans ton lit au beau milieu d’un cauchemar éveillé.
http://www.vice.com/fr/vice-news/siberia-krokodil-tears-part-1